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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:26

    LEUK DAWOUR MBAYE



    Existe-t-il un Sénégalais, Dakarois de surcroît, qui n'ait jamais entendu parler de Leuk Dawour Mbaye ?

    Leuk Dawour est le rab de Dakar, de même que Ndoumbé Diop est le rab de Diourbel, Mame Coumba Lamba, celui de Rufisque, Mbossé, celui de Kaolack…

    Il est bien connu qu'une ville n'appartient pas aux humains qui s'y activent dans la journée, mais à un rab qui l'inspecte la nuit. Gare à celui qui se trouve sur son chemin. On dit que Ndoumbé Diop apparaît sous forme de poule accompagnée de ses poussins. Voir cette poule après minuit, signifie mort immédiate ou folie incurable. Mbossé, lui, prend la forme d'un varan. Il y en a un dont on dit qu'il attend que tu sois au milieu d'une rue ; il se transforme alors en deux barriques tonitruantes qui surgissent des deux extrémités de l’artère, tournent à grande vitesse et viennent t'écrabouiller. Demandez aux aïeuls, ils vous raconteront plein d'histoires de ce genre. Ceux à qui il arrive de rester dans les rues jusqu'à des heures indues, risquent de mauvaises rencontres. On les retrouve, le lendemain, secs et inertes comme des bouts de bois ou, dans le meilleur des cas, marchant avec la bouche derrière la tête. Naturellement, je ne pouvais pas gober de telles sornettes. Pourtant
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:27

    Laissez-moi reprendre mon souffle avant de continuer…

    Tout a commencé la veille de la « disparition » de Bakary, mon époux. C'est ma mère qui utilise ce mot, disparition. Quant aux autres, ils n'arrêtent pas de me dire qu'il est mort, ce que je n'arrive pas à croire. Bakary ne peut pas m'abandonner comme ça… Sans même dire adieu... Non, je ne pleurniche pas. Il n’y a pas de raison. Je ne suis pas inquiète non plus, je sais qu'il va revenir. Il est juste allé visiter de la famille à Mbour. Sa voiture est sans doute tombée en panne...

    Nous nous étions rencontrés, je m’en souviendrai toujours, lors d'une soirée sénégalaise à la Cité Universitaire, à Paris. Le courant passait à merveille. Le coup de foudre, comme on dit. Depuis, nous ne nous sommes jamais quittés. Nous nous sommes mariés en France, car mon père ne pouvait accepter pour gendre quelqu'un d'une autre caste et surtout d’une basse classe sociale. Moi, j'avais trouvé l'homme de ma vie et, pour rien au monde, je n'allais le lâcher.

    Bakary était musicien, un talentueux percussionniste. En fait, il jouait de tout.
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:28

    LEUK DAWOUR MBAYE



    Existe-t-il un Sénégalais, Dakarois de surcroît, qui n'ait jamais entendu parler de Leuk Dawour Mbaye ?

    Leuk Dawour est le rab de Dakar, de même que Ndoumbé Diop est le rab de Diourbel, Mame Coumba Lamba, celui de Rufisque, Mbossé, celui de Kaolack…

    Il est bien connu qu'une ville n'appartient pas aux humains qui s'y activent dans la journée, mais à un rab qui l'inspecte la nuit. Gare à celui qui se trouve sur son chemin. On dit que Ndoumbé Diop apparaît sous forme de poule accompagnée de ses poussins. Voir cette poule après minuit, signifie mort immédiate ou folie incurable. Mbossé, lui, prend la forme d'un varan. Il y en a un dont on dit qu'il attend que tu sois au milieu d'une rue ; il se transforme alors en deux barriques tonitruantes qui surgissent des deux extrémités de l’artère, tournent à grande vitesse et viennent t'écrabouiller. Demandez aux aïeuls, ils vous raconteront plein d'histoires de ce genre. Ceux à qui il arrive de rester dans les rues jusqu'à des heures indues, risquent de mauvaises rencontres. On les retrouve, le lendemain, secs et inertes comme des bouts de bois ou, dans le meilleur des cas, marchant avec la bouche derrière la tête. Naturellement, je ne pouvais pas gober de telles sornettes. Pourtant...

    Laissez-moi reprendre mon souffle avant de continuer…

    Tout a commencé la veille de la « disparition » de Bakary, mon époux. C'est ma mère qui utilise ce mot, disparition. Quant aux autres, ils n'arrêtent pas de me dire qu'il est mort, ce que je n'arrive pas à croire. Bakary ne peut pas m'abandonner comme ça… Sans même dire adieu... Non, je ne pleurniche pas. Il n’y a pas de raison. Je ne suis pas inquiète non plus, je sais qu'il va revenir. Il est juste allé visiter de la famille à Mbour. Sa voiture est sans doute tombée en panne...

    Nous nous étions rencontrés, je m’en souviendrai toujours, lors d'une soirée sénégalaise à la Cité Universitaire, à Paris. Le courant passait à merveille. Le coup de foudre, comme on dit. Depuis, nous ne nous sommes jamais quittés. Nous nous sommes mariés en France, car mon père ne pouvait accepter pour gendre quelqu'un d'une autre caste et surtout d’une basse classe sociale. Moi, j'avais trouvé l'homme de ma vie et, pour rien au monde, je n'allais le lâcher.

    Bakary était musicien, un talentueux percussionniste. En fait, il jouait de tout. Doué en tout, il composait souvent de jolies ballades pour moi, moi toute seule. Cependant, ce qui me liait le plus à lui, c'était, sans parler de l'amour et du respect qu'il manifestait à mon égard, sa grande sensibilité qui faisait sa faiblesse et sa force en même temps. Il était égal à lui-même en toutes circonstances. Tout comme moi, il rejetait quasiment toutes conventions sociales et menait sa vie tel que bon lui semblait. Mais, contrairement à moi, il venait, comme je l'ai dit tout à l'heure, d'un milieu très modeste, de parents pauvres, pour ainsi dire.

    Moi, vous vous en doutez, je suis, disons-le, du Sénégal d'en haut. Je ne m'en vante pas, mais je n'en ai pas honte non plus. Il faut bien naître quelque part, non ? Mon père est connu de tous les hommes d'affaires du pays et ma mère a de grandes responsabilités dans l'administration. Je suis la cadette de mes quatre frères. La seule fille de la famille. Que les indigents se réconfortent en écoutant mon histoire ! Les princesses, souvent, envient les Cendrillon. J’ai été élevée dans un luxe où je me sentais comme en prison.

    On m'imposait les bonnes manières car, dans ce milieu, l'image qu'on donne de soi est au-dessus de tout. J'ai été gavée de bonnes manières, gavée jusqu'à en vomir. Pouah ! Les bonnes manières ! « Habille-toi comme ci... Marche comme ça...
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:30

    Parle ainsi... Ne regarde pas là... Qu'as-tu fait à telle heure ? … Qui est ce garçon qui a téléphoné ? … Tu ne sortiras pas cette semaine... Faut qu'on t'accompagne... Fais attention aux voyous... Y’a invitation... Y’a réception... » Holà ! Holà ! Ce mode de vie me dégoûtait. Pourtant, je devais jouer le jeu, faire semblant... C'était l'unique manière de gagner la confiance de mes parents et les convaincre de m'envoyer poursuivre mes études à Paris.

    Je m'efforçais même d'être souriante et aimable avec Matar, ce fils de ministre qu'ils m'avaient présenté et invitaient à la moindre occasion.

    - Comme il est charmant, ce garçon ! s'exclamait maman.

    - C'est une tête ! Le pays a besoin de jeunes comme lui, renchérissait papa.

    Au diable, le pays ! Au diable, la tête de Matar ! (Le pauvre ! Il n'y comprenait rien. Dès que je me retrouvais seule avec lui, nos parents voulant laisser germer une certaine intimité, je l'envoyais valdinguer.)

    J'étais enfin à Paname ! Maman qui avait effectué le voyage avec moi, resta presque deux mois dans mon appartement, histoire de s'assurer que tout allait bien. Elle préparait mes repas, mettait mon linge dans la machine à laver et faisait mon lit. Il est vrai qu'à l'époque, je n'étais même pas capable de faire un café ou un œuf sur le plat. On faisait tout pour moi. Les riches ne laissent pas leurs enfants sans garde-fous. On m’éloignait du feu et de tout danger. Même quand j'allais à la maternelle qui était juste en face de chez nous, il fallait toujours quelqu'un pour me faire traverser la route. Que voulez-vous ? On ne choisit pas ses parents. Maman qui interceptait mon courrier, me remettait les lettres que Matar m'envoyait, presque tous les jours. De très maladroites déclarations d'amour, de quoi remplir mes sacs-poubelles. Je continuai quand même à jouer le jeu jusqu'au départ de ma génitrice qui me fit souffler, ô combien !

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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:31

    J'étais inscrite aux beaux-arts. Ah ! Je me souviens de la tête de papa. Oh ! Oh ! Fallait le voir, mon vieux ! J'avais catégoriquement refusé les barbantes études de droit qu'il me proposait... wow* ! On a quand même le droit de décider soi-même, non ?

    Comme argent de poche, mes parents m'envoyaient pratiquement le salaire d'un jeune cadre dynamique. Je n'ai jamais su ce qu'est un « jeune cadre dynamique », mais bon, c'est une expression comme une autre. J'avais, en tout cas, de quoi faire des folies.

    J'étais, à vrai dire, la petite bourgeoise naïve et un peu capricieuse sur les bords, qui s’évadait enfin de sa cage d'or. Je voulais découvrir le monde et l'avaler. Je sortais quand je voulais, et avec qui je voulais. Je m'habillais selon mes humeurs, et rentrais quand je le décidais. Je ne saurais raconter à quel point je m'éclatais. Au début, je me fis souvent avoir. Cela me servit, l'expérience étant une valeur sûre. J'appris à connaître ma nature et mes limites.

    Ce fut alors, que Bakary entra dans ma vie. C'était le bol d'air dont j'avais tant besoin. Je découvris l'amour et le bonheur qui va avec. Je ne voulais plus qu’une chose : passer le reste de ma vie avec lui. En fait, je crois que ce n'était même pas une décision, ça allait simplement de soi.
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:32

    Mes parents, informés par je ne sais quelle commère, prirent le contre-pied. Comme d'habitude ! Mais alors là, je peux vous dire que quand on me cherche, on me trouve ! Bon sang ! Qu'on me foute la paix ! Ma vie, je n'ai que ça, et c'est à moi d'en disposer. Même Dieu n'a pas à la contrôler. Mon père à qui ses fonctions ne permettaient pas beaucoup de déplacements, faillit plus d'une fois, au téléphone, se taper une crise cardiaque. Maman, quant à elle, prenait souvent l'avion pour tenter de récupérer sa fille perdue dans les bras d'un pauvre type. Je faisais front à mon père, et elle cherchait à calmer les esprits, comme on dit. Elle pleurait ou pleurnichait, prise entre le marteau et l'enclume. Rien à faire. Ils me faisaient de la peine, mais que voulaient-ils donc ? Que pouvais-je faire ? Sacrifier ma vie pour leur faire plaisir ? Eh bien non ! Non, non et non ! Non, mes vieux, vous êtes, donc laissez-moi être aussi ! Mon amour-propre me poussa à trouver un petit boulot à mi-temps. Caissière dans un supermarché. Mes parents n’avaient plus qu’à garder leurs sous pour leurs vieux jours. Désormais, les ponts étaient coupés. J'avais quand même conservé l'appartement. Ils l'avaient acheté et mis à mon nom. Le comble est que j'y vivais avec Bakary. Quel pied de nez !
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:32

    A notre retour à Dakar, nous avons créché dans l'appartement qu'un ami nous avait loué. Bakary avait trouvé du travail, comme animateur, et cherchait des musiciens pour former un groupe. Son salaire n'était pas très élevé, et mes sculptures ne se vendaient pas comme des petits pains. Nous avions juste de quoi survivre sans toucher à nos économies.

    Nous achetâmes une petite maison au bord de la mer. Toute l'histoire partit de cette maison. Depuis treize ans, nul ne l'avait habitée. Celui qui l'avait fait construire, mourut une semaine après son installation et ne précéda sa femme que de quelques jours. Elle fut louée, par la suite, à deux autres personnes qui moururent, l'une comme l'autre, de morts, nous disait-on, bien mystérieuses. Nul n'osait plus y résider parce qu'elle était, soi-disant, hantée. On l'appelait « La maison de Leuk Dawour ». La rumeur faisait croire que c'était le rab qui provoquait ces morts successives. On n'y dormait pas plus de vingt jours. Ces ouï-dire, loin de nous décourager, nous aidèrent à l'acheter à un prix très abordable. Nous commençâmes par la rénover.

    Je dois toutefois signaler que la première fois que je vis cette maison, elle affichait un aspect fort lugubre qui m’inquiétait un peu. Sur les murs vétustes et affreusement veinés d'étranges fissures, je percevais les traces profondes d'un mystère quelque peu sinistre. Une pesante et glaciale sensation de solitude y régnait. C'était la seule maison à tourner le dos à l'océan pour s'ouvrir sur un [c***]-de-sac. Il y avait quand même un balcon d'où l'œil et l'oreille attentifs pouvaient suivre les discours des vagues qui balayaient la plage rocailleuse. La fraîcheur marine entrait dans les quatre chambres, dont deux au rez-de-chaussée. La cuisine était spacieuse, de même que la salle de bains. Ce n'était certes pas une superbe villa, mais elle nous convenait. Je voulais juste un « chez moi ». Lointains étaient les temps où je me plaignais du moindre manque de confort. J'avais définitivement tourné le dos à la bourgeoisie sordide.

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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:33

    Pendant que les travaux d'aménagement suivaient leur cours, je m'aventurai, seule, une nuit, à visiter notre future demeure. En fait, j'y cherchais plutôt refuge. Bakary et moi, nous nous étions disputés. Une de ces disputes qui alimentent pratiquement toute vie de couple. Vous savez, vivre avec autrui n'est pas chose aisée. Même avec l'être qu'on aime de tout son cœur, on a parfois besoin d'un peu de solitude, histoire de faire face à soi-même. Pendant ces moments, la présence de l'autre peut devenir irritante, insupportable, et tout alors peut donner naissance à des conflits... Pour tout dire, j'avais juste besoin de prendre un peu l'air.
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:33

    J'avais roulé quelques pétards soigneusement gardés dans mon sac à main où il y avait aussi un paquet de Camélia Sport, mes cigarettes préférées, une bouteille de whisky et une bombe lacrymogène, au cas où de petits voyous viendraient m'wow*. Il était, je crois, deux heures du matin, peut-être bien trois heures. C’était la première fois que je me rendais en ces lieux à une heure si avancée. J'avais garé ma voiture devant le portail.

    Seule dans la cour, adossée à un mur, mon joint de Lopito dans une main, mon Johnny Walker dans l'autre, je pensais à des choses et à d'autres. Je rêvassais, tout bonnement. J'étais peinarde.

    A un moment donné, il se produisit quelque chose d’extraordinaire. Un vent d'une puissance inouïe fit irruption dans la baraque. Tout se mit à trembler, et moi avec. Bien que ce fût la pleine lune, le ciel trouva le moyen de porter son manteau le plus obscur, et la terre se mit à concurrencer la mer dans l'agitation. Tout bougeait autour de moi, même le bout de carton sur lequel j'avais posé mes fesses. Le vent se matérialisa et prit des formes et des couleurs si merveilleuses que je regrettai de n'avoir pas pris mon appareil photo. J'étais surprise, étonnée et fascinée, mais je n’avais pas peur. J'étais défoncée et j'assistais, placide, au spectacle qui s'offrait à moi. Le vent émettait des hurlements démentiels qui couvraient les râles assourdissants des vagues kamikazes qui s'écrasaient contre la rocaille. Il entrait dans la bâtisse, faisant claquer portes et fenêtres, puis revenait, furieux, tourbillonner dans la cour. Il prit enfin, sous mes yeux, une forme bien distincte : la silhouette d'un cheval. Plus qu'une silhouette, c'était un cheval bien réel, un cheval tout blanc dont la robe luisante brillait autant que ses yeux rouges de sang. Il n'avait qu'une patte sous le ventre et se déplaçait par petits bonds. Pas de doute, c'était Leuk Dawour Mbaye, tel que les anciens l'ont décrit. Ma grand-mère me racontait que dans sa jeunesse, il lui arrivait, la nuit, de se blottir dans son lit, transie de frayeur, car elle entendait des « Klop ! Klop ! Klop ! » Les pas de Leuk Dawour inspectant les rues. J'étais en présence de l'unique et indéniable maître de Dakar, celui qui, depuis des temps immémoriaux, avait mainmise sur la ville. Je fus saisie d'effroi, tétanisée. Je n'osais faire aucun mouvement, pas même cligner de l'œil, malgré toute la poussière qu'il y avait dans la cour. Je transpirais dans mon t-shirt et dans mon vieux jean troué, à tel point qu'on eût dit que je prenais une douche, tout habillée. Des sueurs froides. J'observais Leuk Dawour s'élever vers le
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:34

    Des sueurs froides. J'observais Leuk Dawour s'élever vers le ciel et se suspendre au-dessus de ma tête, dans un gigantesque et impressionnant feu d'artifice. Soudain, un hennissement se fit entendre tout près de moi et me fit sursauter. Je me retournai. Il n'y avait qu'une échelle en bois posée contre le mur lézardé. Il m'avait pourtant semblé que le hennissement venait de cette échelle. Je n'eus pas le temps de me remettre de ma stupeur. Je vis l'échelle se trémousser, comme sous l'emprise d'une décharge électrique, et s'enfoncer lentement dans la terre, provoquant d’horribles bruits de craquements d'os. Si j'en avais eu le courage, je me serais pincée pour m'assurer que je ne rêvais pas. Je vis l'échelle descendre jusqu'à être complètement engloutie par la terre. Leuk Dawour aussi disparut. Puis, plus rien. Le calme revint, calme que perturbaient, par intermittence, les cris larmoyants des vagues agonisantes.

    « Bizarre ! Bizarre ! » me disais-je. Je sortis de la cour en chancelant. J'étais dans tous mes états, excepté celui de conduire une voiture. Je me rendis à une grande route pour héler un taxi. Et si Leuk Dawour s'était déguisé en chauffeur de taxi ? J'avais toutes les angoisses du monde, mais je n'avais pas le choix. Tout se passa bien, heureusement. Néanmoins, j'étais sûre que le rab de Dakar n'allait pas me lâcher la grappe si facilement. Je sentais son regard sur mon dos. Il me suivait...
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    Message par raky Mer 30 Juil - 23:34

    Bakary dormait. Je me déshabillai et me couchai près de lui. Jamais je ne l'avais serré aussi fort dans mes bras que cette nuit-là. Il s’était réveillé plusieurs fois pour me demander si j’allais bien. Je répondais : « Oui. » Je ne voulais pas lui raconter... De toute façon, il allait me dire que j'avais eu des hallucinations. Depuis quelques temps, il n'arrêtait pas de me dire que je fumais trop de joints et buvais trop... Ah ! J'étais « en état », comme on dit ici. Une grossesse de deux mois...

    Le lendemain, à mon réveil, Bakary n'était pas à mes côtés. Il avait laissé un mot sur la table pour dire qu'il allait visiter de la famille à Mbour et risquait de rentrer tard dans la soirée. J'étais au courant de ce voyage depuis longtemps. Mais ce qu'il tenait à dire dans son message, était dans les derniers mots : « Passe une bonne journée. Je t'embrasse très fort. Je t'aime. »

    Je pris le bus pour aller revoir les « lieux ». Les ouvriers n'étaient pas encore arrivés. Ils n'avaient pas d'heures fixes. Ils commençaient quand ils voulaient, c'est-à-dire tard. Je fis le tour de la maison. Rien ne paraissait anormal. Tout était en ordre. Même l'échelle était à sa place. Je vis ma bouteille presque vide et mes mégots plantés dans le sable. Je pris ma bagnole et rentrai chez moi, toute confuse.

    Je ne me sentais pas bien. J'eus la nausée, de terribles douleurs au ventre et des écoulements. Mon embryon finit dans les chiottes. C'était, de toute évidence, un coup de Leuk Dawour. Comment allais-je le dire à Bakary ? Oh, quelle journée !

    Je me sentais si mal que je dus débrancher mon téléphone et me coucher de très bonne heure, après avoir ingurgité une bouteille de whisky et cramé plusieurs joints. Il me fallait du remontant.

    La terrifiante image du cheval unipède me hantait. J’étais tourmentée par le rab de Dakar. Pourquoi m'avait-il laissée en vie ? Quand allait-il resurgir ? Pour me rassurer, je me mis au pieu, un petit pistolet sous mon oreiller. C'était un 25 Raven semi-automatique que papa, soucieux de ma sécurité, m'avait offert. Je dormais, le doigt sur la gâchette. Disons que je somnolais...

    Je ne saurais vous dire l'heure. Tout ce dont je me souviens, c’est qu’à un moment donné, je sentis le regard de Leuk Dawour se poser sur moi. Il avançait son museau vers mon visage. De la fumée sortait de ses naseaux. Mais, avant qu'il ne pût me toucher, j'avais tiré. Il s'écroula au pied du lit en poussant un cri inhumain. Du sang coulait sur le plancher, pendant qu'une cigarette brûlait mes draps. Je venais d'éliminer le rab de Dakar...

    Depuis cette nuit, je n’ai cessé de répéter au psychiatre, chaque fois que je Depuis cette nuit, je n’ai cessé de répéter au psychiatre, chaque fois que je suis en face de lui, le regardant droit dans les yeux : « Oui, j'ai descendu Leuk Dawour Mbaye, mais j'étais en légitime défense

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